La pêche professionnelle en Occitanie, c’est 4 500 emplois dont 1300 marins travaillant sur 768 navires qui génèrent 3200 emplois indirects (mareyeurs, transporteurs, poissonniers, carénage, réparation et construction navale…).
Les 54 communes du littoral d’Occitanie comptent 50 points de débarquement et cinq ports de pêche qui sont autant de lieux d’activité économique (quatre halles à marée au Grau du Roi, à Sète, Agde et Port La Nouvelle) et d’attractivité pour les habitants et les touristes.
95 % de la pêche française en Méditerranée est le fait des pêcheurs d’Occitanie, positionnant ainsi la région comme interlocutrice privilégiée des instances nationale et européenne pour la Politique Commune de la Pêche (PCP) qui encadre la pêche des pays de l’Union européenne.
C’est en Occitanie que se concentrent les 22 thoniers senneurs français qui, à l’instar des pêcheries de l’Atlantique, sont soumis dans le cadre de la PCP à des quotas. Depuis une dizaine d’année, leurs efforts ont contribué à la forte amélioration des stocks qui sont d’ailleurs en augmentation depuis 5 ans.
Les quelques 750 autres navires d’Occitanie pêchent à la journée et chaque jour les prises sont vendues soit directement soit pour leur majorité, en criées. Les chalutiers notamment ramènent chaque jour une grande variété d’espèces (plus d’une centaine) très prisées par les mareyeurs espagnols en particuliers.
L’Europe a adopté en 2013 un Plan de Gestion pour le chalut que la Commission européenne entend aujourd’hui compléter d’un plan de gestion pour la pêche en zone Méditerranée occidentale.
Trois mesures prévues par le projet de texte dévoilé par la Commission cet été, sont de nature à porter un fort préjudice à la pêche chalutière d’Occitanie du fait de l’incompatibilité des dispositions qu’il propose avec les pratiques de pêche dans le Golfe du Lion :
- une réduction « substantielle » de l’effort de pêche dès la première année de mise en place du plan de gestion ;
- une limitation à 12h de la sortie en mer quotidienne des chalutiers alors même que la journée de pêche dure 16h à 17h dont jusqu’à 10h de navigation pour aller et revenir jusqu’à la zone de pêche ;
- l’interdiction de pêcher au chalut dans la zone de 0 à 100 m de profondeur (c’est-à-dire tout le plateau continental du golfe du Lion) du 1 mai au 31 juillet ; période durant laquelle les chalutiers sortent en général 60 jours sur les 200 autorisés par l’Europe. C’est une période privilégiée pour la pêche du fait des conditions météo, de la bonne tenue des ventes.
Par ailleurs, concernant la pêche à l’anguille, des négociations conduites par l’instance en charge de gestion des pêches sur tout le bassin Méditerranéen font craindre un allongement des périodes de fermeture de cette pêche qui concerne 160 professionnels en Occitanie alors même que ces derniers depuis 2009 ont fait des effort avec un plan de gestion établi par la France. Avec une réduction de 50% de cette mortalité, ils ont dépassé l’objectif de 30% affiché dans le plan de gestion établi par la France.
Enfin et simultanément au plan de gestion de Méditerranée Occidentale, la Commission européenne dévoile ses propositions pour le financement du secteur de la pêche post 2020 (Fonds Européen pour les Affaire Maritimes, FEAMP) qui durcissent encore l’accompagnement de la filière en limitant le périmètre des aides à la petite pêche côtière (bateaux de moins de 12m) dont la survie dépend aussi de la structuration de la filière, des criées…
La Région apporte un soutien jamais démenti à la filière pêche d’Occitanie que ce soit par l’accompagnement au développement économique direct (financement Région et FEAMP de 8,8 M €, dont 4 M € de crédits Région depuis 2016), par le soutien technique du Cépralmar, par les investissements qu’elle a réalisés dans les deux criées dont elle a la charge depuis 2007 (Sète et Port La Nouvelle), en reprenant le port de pêche du Grau du Roi avec un plan de rénovation inédit et en juin 2018 en permettant la tenue à Sète des Assises de la Pêche et des Produits de la Mer, temps fort national de la filière durant lequel le Ministre en charge de la pêche a passé la journée à Sète au contact des professionnels.
Concernant la pêche chalutière, fin novembre le projet de texte sera présenté au Conseil des Ministres européens de la pêche suivi d’un vote au parlement européen pour une adoption du Conseil en début d’année 2019.
Ainsi, il est indispensable que la France défende les positions suivantes dans les négociations futures :
- réduire l’effort de pêche de la 1ère année de mise en application du plan de gestion à maximum 10 % ;
- porter à 18h la durée de sortie en mer des chalutiers ;
- supprimer l’interdiction de pêche de 3 mois dans la zone de 0 à 100 m.
Pour l’anguille, la Région demande à ce que, dans la mise en application du texte de la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée par la Commission européenne, la distinction soit faite entre les deux stades de développement de l’anguille et à ne pas augmenter les périodes de fermetures déjà appliquées par les pêcheurs de Méditerranée (7 mois pour l’anguille argentée et 3 mois pour l’anguille jaune).
Concernant le FEAMP post 2020, la Région, autorité de gestion déléguée du FEAMP demande notamment qu’il :
- ne se limite pas aux bateaux de moins de 12m ;
- permette
- l’aide à la transformation ou au remplacement des chalutiers actuels qui s’avèrent aujourd’hui inadaptés afin de promouvoir des bateaux «du futur» garants d’une pêche véritablement durable ;
- la modernisation des ports de pêche pour optimiser la valeur ajoutée des produits débarqués.
Sans attendre le nouveau programme FEAMP en 2021, la Région lance des études sur le bateau du futur au sein d’un groupe de travail avec les professionnels du Cépralmar.
Il est également primordial que la Commission européenne, au-delà de la réduction de l’effort de pêche qu’elle impose aux professionnels, prenne en compte les problématiques environnementales.
En effet, celles-ci sont nombreuses (pollution, réchauffement climatique…) en Méditerranée et ont des impacts sur la ressource comme l’ont montré les scientifiques avec la croissance de la sardine par exemple. L’intégration de ces facteurs environnementaux est une nécessité pour avoir une approche globale des stocks halieutiques.
La Région portera ce vœu auprès des décideurs que sont les députés européens, la Commission européenne ainsi que le gouvernement français ; c’est le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation qui est en charge de la pêche et à ce titre représente la France au Conseil des Ministre de la pêche.
La Région Occitanie affirme son soutien à la profession de la pêche et entend par ce vœu exprimer sa forte inquiétude face à des décisions qui impacteraient spécifiquement les professionnels de son littoral en menaçant directement plusieurs milliers d’emplois.
Christian ASSAF Didier CODORNIOU
Président du groupe SRC Co-Président de groupe des Radicaux
André LUBRANO