Les élus de la Région Occitanie viennent de voter le Plan Bois. L’enjeu ? Rattraper le retard d’une filière forêt-bois fragmentée et valoriser les atouts de la 2ème région forestière de France.
Le plan bois que notre majorité vient de voter est l’exemple type de notre politique de proximité au service des territoires et des citoyens, particulièrement ceux vivants dans des zones rurales et de montagnes.
Ce dossier est complexe et enthousiasmant et il porte une dimension économique et sociale au cœur d’activités et actions économiques qu’il est nécessaire d’appréhender dans leur ensemble. Il est aussi indispensable d’y associer une réflexion environnementale, essentielle au regard des enjeux de bilans carbone, de la gestion de la faune et de la flore et des usages énergétiques qui doivent aujourd’hui rester compatibles avec la transition que nous construisons dans l’objectif REPOS 2050. (Région à Energie Positive)
Comment nous avons avancé ?
Nous sommes partis des constats nationaux, régionaux et locaux : le bois c’est 21000 emplois en Occitanie, 2ème région forestière de France, pour près de 6000 entreprises avec un CA de 2,6 milliards d’euros, mais avec un déficit dans la même proportion que dans tous le pays. Nous connaissons les caractéristiques de la ressource bois en région: la forêt (majoritairement privée) couvre 36% du territoire sur deux massifs, les feuillus représentent près de 70% des espèces et les conditions d’exploitation sont parfois difficiles, ce qui place la région seulement en 5ème position pour l’activité.
Nous devions donc travailler avec les services de l’état (la DRAF, l’ADEME, l’IGN) qui fixent les objectifs nationaux et donnent les contraintes réglementaires, sans oublier de prendre en compte les préconisations des structures et associations en charge du suivi de la biodiversité.
Nous devions aussi rassembler les professionnels, cela s’est fait dès le début de notre démarche avec l’accompagnement de la création de FIBOIS OCITANIE regroupant les anciennes structures Midi Pyrénées bois et ARFOBOIS LR. Simultanément nous avons visité de nombreux établissements de la filière : exploitants, scieurs, transformateurs et fabricants de panneaux, constructeurs bois, chantiers bâtiments bois. Nous avons rencontré les enseignants et les formateurs sans oublier la dimension innovation avec le CRITT Bois. C’est ainsi que nous avons pu dialoguer avec plus de 60 structures, parfois accompagnés de notre présidente.
Avec le concours de FIBOIS nous avons inventorié les débouchés : bois énergie, palettes et emballages, industrie et trituration, chimie verte, aménagement et ameublement, construction bois…
A partir de cette approche il a été facile d’identifier les points forts et les points faibles dans la chaîne de valeur : exploitation forestière, extraction des bois, première transformation (séchage, sciage, numérisation des procédés, valorisation des effluents…), deuxième transformation (numérisation, produits semis finis pour le bâtiment : structure bois isolation thermique, isolation phonique, parements…), et usages divers des bois.
Une évidence est apparue : il fallait relier l’amont et l’aval de la filière ou plutôt l’aval et l’amont afin de bien repérer les « trous dans la raquette », générateurs de surcoûts et donc de déficit ou de mauvaise répartition de la valeur ajoutée.
C’est ainsi que le contrat de filière s’est construit pour 3 ans, avec les professionnels et qu’un Plan régional forêt/bois pour 10 ans est en cours de finalisation avec les services de l’état. Le tout en parfaite cohérence.
S’agissant du rôle de la Région Occitanie, notre document référence est bien le contrat de filière, signé par notre présidente Carole DELGA à l’automne dernier et sur lequel nous avons travaillé avec les services.
En fonction des actions retenues nous avons, nous Région, construit le plan bois en relation avec les objectifs du contrat de filière en insistant sur les points clés devant générer un effet levier pour l’ensemble des acteurs de la filière.
S’agissant des trois premières actions qui ciblent l’amont, les objectifs visent à :
- Optimiser les dispositifs financiers existants en faveur de l’amont (desserte / récolte / renouvellement/ évaluation des gisements et essences).
- Créer un dispositif incitatif pour développer la certification forestière à l‘échelle de la filière. (concept de qualité)
- Inciter à la mise en place de contrats d’approvisionnement.
Nous avons souhaité maintenir les aides Région et Europe (FAEDER) sur cette partie amont de la filière tout en harmonisant les dispositifs pour chaque massif (Pyrénées et Massif central). Par ailleurs, nous allons travaillé sur l’opportunité d’une ou deux marques régionales.
Autre point essentiel : nous souhaitons mettre un accent fort sur les investissements dans la première et la deuxième transformation en liaison avec les besoins aval, cela répond aux actions prioritaires pour :
- Accompagner et financer les investissements dans la transformation pour plus de synergie dans la filière.
- Proposer un accompagnement à l’entrepreneuriat.
C’est là que les dispositifs PASS BOIS et CONTRAT BOIS que nous portons prennent tout leur sens, complétés par les aides de l’Europe (FEDER). A noter que les entreprises de la filière bois peuvent bénéficier des dispositifs régionaux ouverts à toutes les filières sur les thématiques de l’innovation, de l’export, de la gestion des ressources humaines (« contrat innovation », « Pass conseil RH », « Pass export »…)
Sur l’approche collective et sur la dynamique aval, 5 actions visent à :
- Accompagner les démarches collectives de marketing et de commercialisation.
- Développer l’utilisation du bois dans la construction.
- Accompagner le développement de la filière bois énergie en harmonie avec REPOS.
- Fédérer les acteurs publics autour d’un engagement en faveur de la construction bois.
- Favoriser la promotion de l’usage du bois local.
Dans ce cadre, à côté de l’aide aux entreprises individuelles, nous proposons un AMI relatif aux initiatives de groupements d’entreprises intervenant à divers niveaux de la chaîne de valeur dans un secteur géographique donné. Cela doit relier directement l’aval et l’amont et peut préfigurer l’émergence de cluster.
Enfin sur le champ des besoins en compétences et de l’innovation, trois orientations d’actions figurent au contrat de filière :
- Structurer la formation.
- Développer des modules de formation dans la construction.
- Favoriser l’innovation.
Dans domaine de la formation, nous travaillons avec le rectorat à la création d’un « campus des métiers du bois » qui couvre le territoire de l’Occitanie et qui soit maillé avec la recherche et le transfert de technologie via le CRITT Bois.
L’accompagnement dece Plan Bois a été calibré dès 2019 sur une hausse significative du budget adopté par la Région. En effet, pour 2019, la Région Occitanie a réservé une enveloppe de 4,55 Million d’euros dédiée à la filière forêt bois, soit + 17% par rapport à 2018 auxquels il convient d’ajouter les 3,6 millions d’euros de FEADER ET FEDER.
Tant par la méthode d’élaboration concertée avec les professionnels et les partenaires institutionnels, que par les moyens affectés et par le suivi proposé, la structuration de la filière bois est emblématique du travail conduit par notre présidente Carole DELGA et par nos services que je tiens tout particulièrement à remercier. Nous engageons une démarche dans une logique de proximité sociale, économique et environnementale qui caractérise le développement durable et donne toute sa force à la décentralisation.
Bernard GILABERT
Conseiller régional de la Région Occitanie